Le voyage se poursuit par la descente de l’Atlantique, viennent ensuite le passage de la ligne et l’absence des vents. La plupart des vaisseaux, comme le Maurepas en 1734, virent très à l’ouest, traversent l’Atlantique et longent les côtes du Brésil, certains font même escale à Rio.
Charpentier de Cossigny, embarqué à bord du Maurepas en 1734 écrit ceci : « les vaisseaux qui font route aux Indes orientales…s’approchent plus de la côte du Brésil que de celle d’Afrique pour éviter d’être rapidement portés….dans le vaste ressac de Juda d’où l’on a bien de la peine à se relever lorsqu’on s’y trouve engagé » (Charpentier de Cossigny « mémoires de mathématiques et physique présentés à l’académie royale des sciences tome 3, 1760, page4). Le Maurepas a franchi l’équateur à l’ouest de l’île de l’Ascension, près de la côte du Brésil. Le Maurepas descend l’Atlantique, cap au sud vers l’île de la Trinité. A la vue de cette île, le vaisseau reprend la route de l’est vers l’Afrique, porté par les vents. Le Maurepas double le cap de Bonne Espérance très au large en février-mars 1734. C’est un moment critique, les premiers cas de scorbut se déclarent dans l’équipage (les cas de scorbut se déclarent en général au bout du cinquième mois de navigation). La navigation y est difficile, les vaisseaux sont secoués par le gros temps. Le franchissement du cap de Bonne Espérance donne lieu à la célébration d’un Te Deum.
Louis Nicolas Lamy, maître canonnier du Maurepas meurt en mer. C’est le premier mort à bord du navire. Après les obsèques, le corps est jeté à la mer. Les objets du défunt sont inventoriés, on ne vend à l’équipage que les denrées périssables. Les traversées sont souvent périlleuses. Il arrive qu’un équipage complet soit décimé par la maladie. Jean Fourazin, soldat meurt durant cette période, le 13 mai 1734.
Le Maurepas, après cinq mois de navigation, atteint enfin les Mascareignes (ïles de France et Bourbon, situées à 800 km à l’est de Madagascar), possession de la compagnie, pour une escale indispensable au repos de l’équipage et à l’approvisonnement. Les navires profitent des vents de mousson du sud-ouest qui souffle d’avril à octobre. Le 1 juin 1734, l’équipage débarque sur l’île de France (île Maurice) et y reste une bonne partie du mois de juin. Jean Bapiste laisse sur cette île, Nicolas Buguy, dit Passeteur et Toussaint Leroy, soldats « débarqués malades ». Le Maurepas prend ensuite la route de l’île Bourbon.
Parmi les passagers qui firent la traversée, entre l’île de France et Bourbon, avec Jean Baptiste Maupillier figure le célèbre Jean François Charpentier de Cossigny capitaine ingénieur du roi. Entré au service de la compagnie en 1731, il représente le contrôleur général Orry, son ami. Sa mission fut de seconder Mahé de la Bourdonnais, gouverneur des Mascareignes. Cossigny, esprit acerbe et caustique, est aussi un savant très connu, auteur de nombreux mémoires pour l’académie royale des sciences. Il perfectionna le thermomêtre avec Réaumur.,
Le navire aborde les côtes de l’île Bourbon, le 20 juin 1734. Le 20 juin Toussaint Flayant, soldat, est débarqué tout comme Mathieu Desbouefs et Henry Pardon. Le 28 juin 1734, des matelots d’autres navires viennent remplacer certains hommes du Maurepas. Le navire accueille 2 nouveaux matelots, François Pitanche et Jean Vigoureux de la Vénus. La Vénus, frégate de 300 tonneaux et 81 hommes d’équipage fit naufrage le 11 décembre 1733, à l’île Bourbon, durant une tempête. L’équipage du Maurepas reste un certain temps sur l’île Bourbon. Certains soldats débarqués sont destinés à la garnison de l’île Bourbon comme Augustin Ardois, dit la Tendresse, débarqué le 24 juin 1734. En échange, le Maurepas charge 4 nouveaux soldats, Joseph Monfort, Christophe Le Gendre, Jean Simon Fileul, Pierre Fouet. La relâche aux Mascareignes aura duré prés de 5 semaines. Le 28 juin 1734, trois matelots trop malades pour continuer le voyage sont débarqués à Bourbon, Jean Liérand, Nicolas Henin et Jean Aullier.
Les conditions de vie à bord des vaisseaux sont assez terribles. La navigation est plus que jamais, un exercice périlleux, tempêtes, pirates, maladies. Le chirurgien dont l’infirmerie ne désemplit pas doit affronter le scorbut, les dysenteries, les fièvres, les maladies vénériennes, les accidents, les infections tropicales, le paludisme, les maladies dues au manque d’hygiène ou à l’humidité. La mortalité durant une campagne est à cette époque de 15%. On reconnaît aux chirurgiens majors de la compagnie des Indes, limités par la faible étendue du savoir de l’époque, une certaine habileté et une bonne connaissance des nombreux médicaments utilisés. Les navires embarquaient plus de 200 types de produits pharmaceutiques fournis par l’apothicairie de la Compagnie. 10% des chirurgiens embarqués aux Indes ont succombé en mer. Les chirurgiens majors font office de médecin, de pharmacien et de chirurgien à bord.
En juillet 1734, le navire, avant d’aborder les Indes, perd de nouveaux matelots, Louis Quintin, mousse décède, le 6 juillet 1734, Jean Lavenedée, mousse, le 17 juillet 1734 et Jacques Loget, pilotin, le 23 juillet 1734.