article 6 – 2 :
Jean Baptiste est payé 40 livres par mois, le capitaine 200 livres, le lieutenant 120. Le maître canonnier est payé 24 livres, l’aide chirurgien 20 livres, l’armurier 20 livres, le maître calfat 30 livres, les matelots entre 10 et 18 livres, le cuisinier 10 livres, le sergent 16 livres, un simple soldat 10 livres.
Avant le départ Jean Baptiste touche 6 mois de solde d’avance, soit 240 livres (archives du port de Lorient 1 P 172). Si les marins touchent « la demi solde c’est afin de payer leurs dettes avant l’embarquement et de pouvoir s’acheter un trousseau suffisant. On refuse les matelots se présentant sans « hardes ».
Jean Baptiste a dû embarquer avec lui de quoi passer 16 mois en mer : effets personnels, vêtements, montre, instruments de chirurgie, livres etc. Les inventaires de chirurgiens morts en mer nous renseignent un peu mieux sur leur garde-robe. En 1785, par exemple, Antoine Lombrage, second chirurgien sur la Cigogne possédait : 4 habits, 2 culottes de soie, 3 vestes, 1 culotte, 11 paires de bas, 2 paires de chaussons, 2 paires de petits pistolets, 8 volume de chirurgie, 2 volumes de fables de comédie, 1 boîte en fer blanc contenant des cordes de violon, 1 montre en or en mauvais état (archives départementales de Charente Maritime B 5585).
Jean Baptiste a pour aide Jean-Louis Barjeunin, aide chirurgien d’origine bretonne.
Les vaisseaux de 500 et 600 tonnneaux, commme le Maurepas, sont réservés à la route des Indes. Leur tonnage leur permet de remonter le Gange et l’Ougly jusqu’à Chandernagor, contrairement aux vaisseaux de 900 tonneaux, les plus gros en usage dans la Compagnie. Le Maurepas est équipé de 40 canons, ce qui en fait l’un des vaisseaux de la Compagnie les mieux armés (la compagnie utilise des pièces d’artillerie de 24 et de 12 livres). Les vaisseaux de 600 tonneaux ont environ 121 pieds de longueur, 31 pieds de largeur et un grand mât dépassant les 78 pieds.
L’organisation des navires est originale, tout y est fait pour accroître les capacités de la cale, ainsi il n’y a pas d’entre pont au dessus de la cale, mais directement le premier pont. La partie avant comprend la cale à eau, la partie arrière la cale à poudre, entre les deux une cargaison composée environ de 38% d’argent, de 30% de vivres, de 10% de charbon, sel, plomb, fer, de 5% d’effets de marine (Philippe Haudrere, la Compagnie des Indes tome 2). Juste au dessus de la cale, le premier pont supporte coté poupe, la Sainte Barbe, comprenant les cabines de l’écrivain, de l’aumônier, du chirurgien-major, du maître canonnier, du pilote et des passagers.
Devant la Sainte Barbe, de chaque coté des échelles accédant au second pont, on trouve les réserves légumes frais, le parc à moutons, les provisions de l’état-major, les calfats, le fourrage.
L’infirmerie est à l’avant du premier pont. Le second pont est occupé par le cabestan, l’artillerie, le four, la cuisine, la « grande chambre » (cabine des officiers). Au dessus se trouve la « chambre du conseil » quartier général du capitaine.
Un navire pour les Indes embarquait une quantité impressionante de provisions. Voici la liste de celles embarquées par le Duc de Chartres en 1743 (un vaisseau similaire au Maurepas) et allant aussi à Pondichéry : 55.000 livres de farine (une livre équivaut à 0,489 kilogramme), 27.000 livres de biscuit, 35.000 livres de riz, 62.000 livres de boeuf salé, 5.800 livres de lard salé, 200 livres de sardines , 3.384 livres de fromage de hollande, 912 livres de pois, 684 livres de fayots, 478 pintes d’huile d’olive (la pinte équivaut à 0,951 litre), 956 pintes de vinaigre, 1.728 pintes de sel, 10.994 pintes de vin de Bordeaux, 12.960 pintes de vin de Xéres, 6.391 pintes de vin de Saintes, 8.365 pintes de vin de Nantes, 6.882 pintes d’eau de vie, 112.230 pintes d’eau douce.
à suivre…